La discipline effrénée
Né à San Francisco, d’origine chinoise, il étudie à la Parsons School of Design, à New York, et dans le même temps commence à se faire une place en travaillant pour Marc Jacobs, Derek Lam et Vogue. Alexander Wang s’ennuie sur les bancs de l’école, son envie de créer prend le dessus et il quitte les cours au milieu de sa deuxième année. Il lance alors sa propre marque en 2005, avec une première collection unisexe, Ses inspirations ? L’allure décontractée et sportive des skaters directement injectée dans une garde-robe féminine. Le jeune prodige devient directeur artistique de la marque Balanciaga en 2012, et continue à gérer sa marque, à présenter ses collections de vêtements, accessoires, sacs et chaussures autour du monde, mais aussi à organiser des événements toujours plus originaux. Il réussit à s’imposer très vite comme LE créateur à suivre. Ses collections combinent matières techniques, couleurs chimiques et fonctionnalité.
Ses défilés dans une atmosphère de clair obscur énigmatique commencent sur fond de basses ultra puissantes des beats hip hop et font trembler les miroirs. Un noir intense, mais lumineux à la fois, à la manière des toiles de Pierre Soulages, avec un travail expérimental sur les matières, luisantes comme si elles étaient mouillées, avec du tweed laqué, du daim enduit, ou au contraire mattes et duveteuses, avec de la crêpe de soie ou de la fourrure, assemblées comme un patchwork, pour créer un effet de profondeur et de relief.
Alexander Wang réussit à rendre ses filles à l’allure invincible et déterminées, marchant d’un pas assuré quasi militaire, aussi intimidantes que sexy. Une assurance qui pourrait sembler masculine en apparence, mais qui cache une féminité ultra sensuelle, avec sous les manteaux, des jupes fendues en cuir, des bas résille, des gants longs et des bottes en cuir verni quasi fétichistes. L’apparente dureté des looks s’adoucit au fur et à mesure des passages, dévoilant un peu plus de peau à chaque fois, elle-même enveloppée dans des matières si fines et délicates comme la soie, le tulle ou le cuir.
J’aime les coups de ciseaux d’Alexander Wang … et j’aime ces femmes qui aiment les crocodiles, ainsi protégées et déterminées, elles foulent de leur pied menu le sol de cette curieuse planète, jambes galbées, toujours dénudées.